L’aquarelle, de l’eau et des pigments (2ème partie)

Choses promises, choses dues, je te propose de prolonger notre questionnement sur l’aquarelle.

Tu te souviens, dans un précédent article, on se demandait comment était apparu ce médium, quels étaient les artistes qui en avait marqué l’histoire, etc.

Aujourd’hui, il est plutôt question de répondre à la question : comment c’est fabriqué?

Quel processus magique permet d’avoir une matière qui, une fois activée avec de l’eau permet de jouer aussi bien avec la transparence et la lumière ?

Pour pouvoir produire cette peinture, tellement prisée par les créateurs d’image, il faut… de la patience.

En effet, l’aquarelle, qui est si simple à utiliser, n’est pas si simple à fabriquer, il y a plusieurs étapes à respecter.

  • Étape 1: il faut des pigments
Pigments


Il s’agit d’une poudre issue d’une matière que l’on broie.

Ils peuvent être d’origine naturelle (confère l’article précédent et la partie sur l’Egypte ancienne); c’est à dire provenir de la roche, comme l’ocre qui permet d’obtenir des teintes jaunes; ou de plantes comme l’indigo, qui permet d’obtenir des teintes bleues.
Ils peuvent être synthétiques; c’est à dire produits en laboratoire, pour imiter un pigments naturel, ou en améliorer les propriétés.

Indigo séchée

Ils sont dit organiques, quand cela provient de substances vivantes, ou inorganiques -qu’ils soient naturels ou synthétiques.

Certains pigments sont toxiques, où d’origine animale et leur utilisation tend à devenir plus limitée : le blanc de plomb, le vermillon à base de mercure ou le carmin issu des cochenilles.

Chaque pigment a ainsi une couleur, une transparence, une granulation ou une stabilité différente. Les techniques modernes ont permis d’allonger la durée d’intensité des pigments, pour que les couleurs sur les œuvres s’altèrent moins rapidement.

  • Étape 2: l’incorporation d’un « liant »

Une fois qu’on a obtenu les pigments désirés, afin de créer l’aquarelle, il nous faut mélanger ces couleurs avec ce qu’on appelle un liant, afin de pouvoir les figer de façon homogène, puis les réactiver plus tard avec de l’eau.

Le liant le plus connu est la gomme arabique. C’est une résine extraite de l’acacia. Elle est utilisée le plus fréquemment, car maîtrisée depuis plus longtemps: son usage remonterait au Moyen-Age, pour figer les pigments des enluminures.

Gomme arabique


Il existe également d’autres liants avec chacun des propriétés particulieres, pour lesquels on les privilégie: la gomme de damar, qui peut permettre d’obtenir plus de brillance; le gel de silice qui est utilisé pour augmenter la transparence; le miel, pour rendre la peinture plus épaisse, etc.

Afin d’ajouter d’autres qualités à l’aquarelle, on peut ajouter des agents mouillants, anti moisissures, ou stabilisateurs.

Dans tous les cas, c’est la qualité du mélange qui jouera beaucoup sur l’homogénéité du rendu de la couleur sur le papier. Celui-ci pourra prendre plus ou moins de temps selon le pigment, le liant, les agents ajoutés. Il faut qu’il soit lisse et que la couleur soit uniformément dispersée dans le mélange et pour cela, on peut utiliser un mortier en verre (comme celui utilisé dans la vidéo à la fin de cet article).

Un même pigment peut donner une gamme de couleurs plus ou moins intense, en fonction de la quantité utilisée lors du mélange.

  • Étape 3: mise en godets ou en tube

Une fois que la pâte de pigment et de liant est prête, l’aquarelle est conditionnée de deux façons : en tube ou en godet.

Les tubes sont soit en métal, soit en plastique et fermés hermétiquement.

Les godets sont des récipients en plastique ou en métal qui sont remplis d’aquarelle qu’on laisse sécher.

Tubes et godets
  • Etape 4: emballage et étiquetage

Une fois conditionnées, les couleurs sont identifiées par un nom et un code de référence, ainsi que d’ autres informations pour aider au choix de la couleur ( son degrés d’opacité par exemple).

Les tubes, comme les godets sont vendus soit à l’unité, soit en palettes plus ou moins fournies.

Parmi les fabricants les plus connus, il y a:

Parmi les marques les plus accessibles pour les débutants, il y a:

Depuis quelques années, on assiste avec plaisir à l’apparition de fabricants « artisanaux », parmi lesquels:

Ces listes ne sont bien sûr, pas exhaustives, et t’invitent juste à prolonger ta curiosité s’ il en était question.

D’ailleurs je te propose pour conclure cet article, une chouette vidéo de Benjamin Cerbai, à regarder pour mieux comprendre le procédé de création de l’aquarelle, avec Manon du pigmentarium, en espérant qu’une fois de plus, ce contenu t’aura illuminé !

Laisser un commentaire